Tour du monde de l'amour - Part. 1
La romance, le romantisme...
Je t’aime, je ne te hais point, d’amour vos beaux yeux me font mourir, gente dame.
De Racine à Flaubert, du Cid à Madame Bovary, la littérature dont nous avons été gavés a conditionné notre imaginaire amoureux.
Renforcée par le monde – absolument merveilleux – de Hollywood, ses baisers historiques, ses histoires romanesques, ses amours impossibles et ses jeunes demoiselles éperdues...
Au point de nous faire oublier que l’amour est universel et inhérent à toutes les sociétés.
Mais oui...Sinon, pourquoi le taux de fécondité serait-il en constante augmentation depuis des siècles dans le monde entier ? Parce que les societes traditionnelles pratiquent TOUTES le mariage arrangé ?
Parce que, avant que la mondialisation sentimentale n’ait eu lieu, nous étions tous les fruits malheureux d’unions forcées et de grossesses in désirées ? Allons donc !
D’autres formes d’amour, d’autres romantismes existent et ont toujours existé de par le monde. L’une de ces formes a d’ailleurs influencé la conscience amoureuse Européenne lors de la Renaissance, a l’époque où aimer était un interdit aux yeux de plusieurs instances (religion, monarchie, rangs sociaux...)
L’amour courtois et romantique, supposément né dans l’Europe du 12eme siècle, était donc fortement lié à l’absence de l’être aimé, a l’impossibilité de s’unir. Les poèmes d’alors étaient des cris du cœur, des plaintes sans fin.
Puis les troubadours, ces messagers et musiciens de l’amour, se sont mis à voyager, a se donner en spectacle dans d’autres pays européens. Et le romantisme sans complexe, qui célèbre l’amour plutôt que de le brider, n’est pas uniquement né d’échanges entre artistes européens. Il est né des échanges avec l’Espagne...arabo-musulmane !
C’est ainsi que l’on se penche un peu plus sur les œuvres des savants et érudits musulmans, qui font l’éloge de la spiritualité, de la fraternité...et de l’amour, tout simplement.
Pourquoi n’apprend-t-on pas les œuvres de Ibn Arabi, les contes intégraux des Milles et Une Nuits, qui recèlent autant de sentiments intenses et d’amours vécues ou impossibles, autant d’enseignements sur l’art d’aimer et l’art de le dire ?
Il n’y a qu’a lire cet extrait des Mille et Une Nuits, œuvre qui date de beaucoup plus longtemps que toutes les références de la littérature européenne que l’on nous a inculquées comme étant les seules références de l’amour magique et courtois...
Lettre de la princesse Shams-al-Nahar
Au prince de Perse Ali-Ibn-Bakar
"La personne qui vous rendra cette lettre vous dira de mes nouvelles mieux que moi-même, car je ne me connais plus depuis que j’ai cessé de vous voir. Privée de votre présence, je cherche à me tromper en vous entretenant, par ces lignes mal formées, avec le plaisir que si j’avais le bonheur de vous parler. On dit que la patience est un remède à tous les maux, et toutefois elle aigrit les miens au lieu de les soulager (...)
Ces sentiments que mes doigts tracent, et que j’exprime avec un plaisir incroyable, en les répétant plusieurs fois, partent du plus profond de mon cœur et de la blessure incurable que vous y avez faite, blessure que je bénis mille fois, malgré le cruel ennui que je souffre de votre absence. Je compterais pour dérisoire tout ce qui s’oppose a nos amours, s’il m’était seulement permis de vous voir quelque fois en liberté ; je vous posséderais alors ; que pourrais-je souhaiter de plus ?"