Tour du monde de l'amour - l'histoire du collier puant

Publié le par Dissidence

Dans les montagnes de Ngazidja, court une legende bien singuliere...

 

L’or de sa tiare scintille dans les ténèbres de ses cheveux. Broussailleuse comme des cimes de palétuviers, la chevelure drue et crépue encadre son visage empreint d’angoisse.

« Bo mba », murmure-t-elle à son père. « Bo mba, est-ce qu’il m’aimera ? »

L’homme pose un œil pétillant de fierté sur sa fille.

« Tu es parmi les plus aimables, mon enfant. Comment pourrait-il ne pas t’aimer ? »

Elle baisse les yeux.

-          Maman m’a dit que le jour vient où la femme n’émerveille plus son mari.

Il la regarde rougir de honte, car elle sait que son père était un mari avant d’être père.

Il se veut rassurant.

-          Personne ne peut cesser de t’aimer, ma fille. Tu es belle comme le soleil a son zénith...mais si un jour il venait a ne plus t’aimer, ma porte te sera toujours ouverte. Tu reviendras vivre avec moi jusqu'à ce qu’il réalise ce que tu représentes pour lui.

-          Et comment saurai-je qu’il aura cessé de m’aimer ?

Elle baisse à nouveau les yeux.

-          Maman a dit que les hommes ne montrent jamais ce qu’il y a dans leur cœur.

Elle a raison, se dit-il. A quoi sert-il de dévêtir son âme ? Ce qui se passe à l’intérieur doit rester à l’intérieur.

Mais il ne faut pas que sa fille en souffre.

Alors il va lui permettre de savoir si son cœur est en danger. Discrètement.

Avec des crottes de chat sèches, il fabrique un collier qu’il enveloppe dans un tissu fait de fil d’or et d’argent. Le passe autour du cou de son enfant. L’odeur des crottes sèches de chat est si discrète qu’il faut en avoir la ferme intention, pour la percevoir.

« Va », dit-il enfin à sa fille. « Va rejoindre ton mari ».

« Mais...bo mba, pourquoi me donnes-tu un collier si beau a l’extérieur, et si...si...

-          Si révulsant à l’intérieur ? C’est pour que tu saches si ton mari t’aime vraiment pour tout ce que tu es. S’il t’aime, il ne cherchera jamais à trouver quoi que ce soit de mauvais en toi. Il ne verra que ta bonté, ton éclat, se nourrira du carillon de ta voix.

Il ne sentira jamais l’odeur du collier.

Lorsqu’il percevra cette senteur légère mais désagréable, c’est qu’il aura cessé de t’aimer.

Car alors il aura commencé à chercher ce qui pourrait lui déplaire en toi.

 

Alors éloigne-toi de lui, reviens chez moi, et attends qu’il ait oubliée l’odeur pour se rappeler de ce qui l’émerveillait en toi».

 

La jeune fille s’en va, drapée d’un hami blanc de jeune mariée. La taille ceinte d’une cordelette qui marque ses mouvements, la tiare projetant mille étincelles d’or dans les rayons chauds du soleil.

 Africainement votre...plus que jamais

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